La ville d'Armory One était assez animée. Marchant sur la grande place, Yokko suivait les pas du général. N'osant pas marcher à ses côtés elle songeait à sa réaction lorsqu'il lui proposa cette ballade en ville. À son habitude, elle le savait, elle aurait tiré la tronche. Le travail n'attendait pas et surtout lorsqu'il consistait à manipuler un bijou de technologie. Pourtant, elle n'avait fait que rougir en retour à la proposition. Pouvait-elle avoir le béguin pour cet homme ? Il avait une quinzaine d'année de plus qu'elle et puis... Et puis c'était le général ! Aucun subordonné ne tombe amoureux de son général... Quel film était-elle en train de se faire ? Quelque chose. Il fallait qu'elle trouve quelque chose à dire.


C'était bateau mais après tout, c'était toujours plus sympa de savoir ce qu'ils faisaient ici.

Ben tiens ! Elle aura dû s'en douter... Les politiques. Ils ne changeraient jamais. L'électorat, voila ce qui les tenait chaud les durs froids d'hiver. Le beau discours semblait déjà loin. Mais après tout, c'était son choix de vie. Qui était-elle pour juger ? Elle n'aurait pas apprécié qu'il vienne la ramener pour critiquer sa vision des choses et son travail. Le beau temps était donc au rendez-vous; son mini-short en jean et son simple débardeur blanc passait donc parfaitement au contraire du costume du général. N'avait-il pas chaud dans cet accoutrement ? Mais après tout, si cela pouvait lui faire gagner quelques votes, il n'allait pas se gêner. De son côté, elle était plutôt royaliste. Elle n'aimait pas l'idée que des personnes n'y connaissant pas grand chose s'approprie un pouvoir dont elles n'assimilaient pas tous les dangers. M'enfin. Un avis parmi bien d'autres. Mais un avis qu'elle préférait garder pour elle.


Elle paya deux sodas. Rien de bien classe mais un bon vin ne pourrait pas apporter la même fraicheur. Et puis, ne voulait-il pas montrer qu'il était un homme comme les autres ? Elle lui lança amicalement la boisson et ils continuèrent leur marche.

Idiot! Ne joues pas les hommes fragiles devant moi pensa-t-elle. Un général ne doute pas, il fonce. Le doute, il l'aura lorsqu'il devra répondre de ses actes. Un général, c'est le taureau du président. Il agit. Il réfléchit après. Belle image qui ne correspondait pas à ce qu'elle avait devant elle. Mais pourtant, voir un homme puissant douter ainsi, ça avait son charme. Yokko sourit attendrie mais se reprit rapidement.


Yokko refusa l'invitation du général. Elle était en face de lui, debout, espérant ramener un tant soit peu le général à la raison. Assez paradoxal quand il y a quelques minutes Yokko assimilait le général à un taureau ne devant pas réfléchir. Mais une femme a-t-elle déjà été logique ? Je ne pense pas. C'est ce qui fait son charme!

Yokko n'insista pas et accepta finalement l'invitation du général à s'asseoir près de lui. Il avait des propos bien extrême pour un homme à l'allure si droite et à l'image raisonnable que le peuple avait de lui. En définitive, son compagnon de tout à l'heure et lui avaient beaucoup en commun même si l’objectif et les valeurs ne semblaient pas les mêmes. Un homme de cette trempe ferait-il un bon président ? Assurément oui si son but premier est la protection de son peuple. Mais le sacrifice de civils naturels était-il là encore nécessaire ? Durandal. Cette homme lui faisait penser à ce président qui avait jusqu'à sa mort eu la volonté d'un monde de paix au prix de grand sacrifice dont la liberté. Et pourtant, ce président lui avait plu étant petite. Comme si l'inévitable était cette solution. Malgré tout, elle ne devait pas prendre trop au sérieux cette phrase balancée surement en l'air au fait de la colère.

Après quelques minutes, le général se releva et Yokko fit de même. Après avoir prit soin de récupérer sa veste, il proposa à la jeune femme de profiter encore quelques instants de cette journée ensoleillée.


Elle gloussa. Ça ne lui ressemblait pas et pourtant. Une provocation sensuelle ne pouvait pas faire de mal après tout.

Elle gloussa de nouveau. Bien embêtée par la plus artificielle qui s'annonçait, elle prit dans sa valise de quoi se couvrir le moment venu. Un simple gilet devrait faire l'affaire; le temps n'étant pas frais.


Yokko était bien trop naturelle avec les autres. Elle sera bien capable d'enlacer le président si ce dernier devait faire une petite colère.

Le général ne semblait pas à l'aise avec la gente féminine. Elle n'insista pas d'avantage. La pluie se déversa sur la colonie. Elle mit son gilet avant que le général ne dépose sa main sur son épaule. Là encore ses joues rosirent mais bien moins que tout à l'heure cependant. C'était certainement la surprise qui la faisait agir de la sorte, rien d'autre. Du moins, elle l'espérait.



Il était mignon ce général. Elle sourit timidement et observa la plupart des visiteurs quitter le parc.

Déjà ? Yokko essaya tant bien que mal de cacher sa déception. Enfin. C'était un général avec des obligations, il n'allait pas passer sa journée à la balader.


Et puis, il n'y a pas de raison qu'eux soient au repos et pas elle... Et oui, la petite Yokko avait elle aussi son esprit machiavélique. Moins intéressant que celui du général. Il n'était pas question de destructions, de tueries, non, juste d'une petite peste qui aimait faire partager son peu de sommeil quotidien avec les autres.